Je suis née à la fête de la Saint-Jean sur Lyon il y a vingt quatre ans. Venu au monde dans la précipitation, ma mère a accouché de moi dans notre salon. Je me démarquais ainsi fort rapidement de ma sœur ainée qui avait quant à elle patientée au-delà du délais raisonable pour venir.
C’est ainsi que fort tôt, je me démarquais. Ce qui poussa ma grand-mère paternelle à me préférer. Alors que la maternelle adorait ma sœur. Si nous fûmes éduquées chacune par nos parents, les vieilles pies se chamaillaient et cherchaient à nous pousser l’une contre l’autre, pire encore quand nous arrivâmes à l’âge des « migraines ».
Enfin, je vais vite en besogne. Pardon, défaut naturel…
Reprenons, je suis issue de l’alliance, surprenante, des Lambert avec les Fenicci. Familles rivales qui virent une alliance plus que déroutante se tisser quand mon père tomba sous le charme de ma mère. Plusieurs personnes prétendirent que ma mère avait usé de sortilèges d’enchantement ou je ne sais quoi encore pour parvenir à ce résultat sauf que non. Ils tombèrent amoureux et se courtisèrent pendant dix ans avant d’imposer leurs choix.
Mariés aux alentours de la trentaine, ils conçurent ma sœur et moi rapidement, ne nous laissant qu’un an d’intervalle. Mon frère arriva sept ans après. Enfant, le lien fraternel qui unissait Urielle et moi étaient inégalable, tout en étant surprenant. Nous étions deux opposés. Là où elle était un brasier calme et paisible, j’étais à l’inverse un feu ardent et dévastateur. Ce qui faisait aussi qu’elle était plus modérée et calme où j’étais vivace et impatiente. Nos résultats scolaires étaient diamétralement opposés : constante en tout, elle avait toujours une moyenne de quinze. J’oscillais entre 8 et 12 au grés de mes humeurs. Je n’étais pas mauvaise, je n’étais pas un génie, j’étais moyenne.
Loin d’être éduquée dans l’ignorance, nous savions que nous étions issus d’une lignée de sorciers, nos parents étaient pratiquant et membres actifs du coven, nous attendions, spécifiquement Urielle et moi, le moment de notre « révélation ». Cela n’arrive pas avant la date dite. Ma sœur pile pour son anniversaire, moi un an plus tôt que prévu. Nos grands-mères s’emballèrent. Ceci dit, devant le fait indéniable du feu en nous, ma mère estima qu’il était juste de nous parler d’un vieux pacte réaliser bien avant nous avec un vampire. Quand j’entendis cela, j’hallucinais quelque peu. Qu’est-ce qu’un vampire pouvait nous apporter comme protection alors que le feu était à nous et que nous pouvions tout simplement lui cramer sa mouille pour être peinard ? (Je vous ai dis que je n’étais pas la plus douce des sorcières qui soit ?)
Ma mère nous expliqua que dans la branche paternel, cet accord était respecté pour assurer une aisance familiale mais je n’en saisissais pas forcément les détails. Nous n’étions pas riches, le coven n’était pas influencé par un vampire que je sache et nous n’étions plus au moyen-âge pour que cet accord me semble logique. En soit, je ne m’y opposais pas mais j’essayais d’en saisir les détails logique. Par contre, cela signifiait que ma sœur allait devoir se sacrifier. Et je comprenais que l’oncle dont on ne parlait jamais l’avait été aussi.
Je ne me rebellais pas, je me perfectionnais en magie et j’encaissais, toutefois quand ma sœur tomba enceinte et mis au monde une petite fille, je demandais à la remplacer auprès de ce fameux vampire pour honorer ce pacte. Elle ne pouvait pas décemment abandonner son bébé et son compagnon, moi, étant libre comme l’air, je pouvais tout à fait servir de réserve de sang. J’ignore encore ce que cela incombe…mais je l’apprendrais bien assez tôt je suppose.